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Livraison Paris 2024 : les leçons des JO de Londres

Transport - Route
20/12/2023
Les organisateurs des Jeux olympiques de Paris se sont inspirés de l’expérience londonienne pour mettre en place une politique de « Transport Demand Management » destinée à gérer une circulation qui sera malmenée pendant l’événement. Les transporteurs seront parmi les plus impactés.
Douze ans après les Londoniens, les Parisiens vont, à leur tour, tenter de survivre à l’immense barnum olympique qui se déroulera dans leur ville. L’expérience britannique va s’avérer utile pour gérer au mieux les contraintes. C’est ce qui ressort d’une conférence organisée sur les Jeux olympiques de Paris 2024 lors de la rencontre nationale du programme Interlud+, organisée le 7 décembre 2024 à Paris. Les membres de LUJOP, le comité fédérateur qui regroupe les parties prenantes de la « Logistique Urbaine du quotidien pendant les JOP » ont ainsi indiqué que, d’après les données collectées lors des précédents jeux, les flux logistiques attendus lors de l’événement seront 1,7 à 2,2 fois plus importants que d’ordinaire, pour tenir compte du flux de touristes généré et de l’organisation des épreuves. De quoi mettre à rude épreuve les transporteurs qui devront gérer des plannings de disponibilité qu’on imagine tendus avec les congés d’été, tout en zigzaguant avec les 300 portions de voirie « sanctuarisables ». La capacité routière se verra, en effet, restreinte par les 185 km de voies olympiques et des périmètres réduits pour circuler aux abords des sites (voir BTL n° 3951, p. 691).

Privilégier la livraison de nuit
Pour y faire face, Paris va s’inspirer de la politique de « Transport Demand Management » (TDM) mise en place pour les jeux londoniens. « Cette démarche a fait ses preuves à Londres puisqu’elle a permis d'adapter les comportements de 75 % des habitants avec une baisse de 15 % du trafic sur la route et 30 % dans les transports en commun. Il s’agit de communiquer très fortement autour de 4 leviers qui commencent tous par D : diminuer la demande de transport  en mettant en place télétravail et congés, décaler les horaires à la fois des salariés et des livraisons, dévier les itinéraires de déplacements et détourner le mode de transport, ce qui est effectivement plus simple pour les voyageurs que pour les marchandises, à moins de privilégier les vélo cargos », indique Odile Roussilot-Besnard, directrice adjointe TDM (Travel Demand Management) au Ministère des Transports.

Pour sa part, Jérôme Douy, directeur délégué Développement durable de TLF et coordonnateur du « Club Logistique en or », a effectivement constaté que 20 % du trafic fret de Londres pendant ses jeux a été déplacé en heure décalée, pendant la nuit. À Paris, un tel changement impliquerait la gestion d’un sas d’ouverture avec des forces de police dédiées, suffisamment formées pour savoir comment et quoi contrôler, sans oublier la nécessité de trouver des conducteurs qui acceptent de travailler de nuit. « Il faut aussi que les commerçants soient là pour les accueillir, ce qui demande une grande synergie entre tous les acteurs et un temps de préparation qui arrive bien tard par rapport à l’échéance des JO ! », plaide-t-il aujourd’hui.

Vers la réservation en ligne de places de livraison pour le post JO
Pour circuler en région parisienne pendant les Jeux olympiques, les transporteurs vont pouvoir compter sur une base de données nationale qui comprendra l’ensemble des arrêtés de circulation ainsi que toutes les aires de livraison, numérisées par les collectivités concernées.
« Nous demanderons aux collectivités de préciser sous format numérique tout ce qui est utile à un livreur (gabarits, horaires de livraison, etc.) afin d’intégrer ces données dans les logiciels d’itinéraires disponibles sur les smartphones », indique Xavier-Yves Valère, chef de la mission fret et logistique à la DGITM. Ces informations seront aussi présentes dans l’application ZFE Green développée par Interlud avec une mise à jour en temps réel. En complément, les livreurs pourront se servir de « Delivery Park », une seconde application, développée également par Interlud pour permettre d’accéder aux places de livraison. Il faudra en effet les réserver, via cette application, pour livrer dans les zones identifiées comme problématiques.
En fonction du retour d’expérience pendant les Jeux, l’obligation de réserver sa place de livraison pourrait ensuite être conservée et étendue aux autres collectivités en donnant ce pouvoir aux maires, a indiqué Xavier-Yves Valère.

Et la rentrée scolaire ?
L’expérience londonienne révèle aussi qu’il y a eu un effet accélérateur 15 jours avant le début de l’événement, les commerçants pouvant gonfler leurs commandes juste avant la mise en place des restrictions. Mais de telles prévisions ne tiennent pas encore compte de la difficile période correspondant à la rentrée scolaire : alors que les écoles ouvriront leurs portes, les Jeux paralympiques ne seront pas encore terminés et continueront à gêner livraisons et fret retour. « Cette période sera probablement encore plus compliquée, avec de gros points de crispation à prévoir puisque les Parisiens seront revenus et ce point a été souvent occulté jusqu’à présent », souligne Jérôme Douy. Pour cela comme pour le reste, là encore, il faudra aux transporteurs trouver à mettre œuvre des moyens adaptés… et à déployer une grande force d’anticipation qui pour le moment, ne semble pas être au rendez-vous de leurs interlocuteurs.

Par Grégoire Hamon
Paru au Bulletin des Transports et de la Logistique n° 3953 du 18 décembre 2023.

 
Source : Actualités du droit